Petits bonheurs de permanencier au Puy en Velay
25000 pèlerins par an partent du Puy en Velay pour faire en partie ou en totalité le chemin vers Compostelle. L'association des Amis de St Jacques du Velay organise un accueil fraternel pour ceux d'entre eux qui le souhaitent dans les locaux du Camino, et invitent les membres d’autres associations à leur prêter main forte pour cet accueil car ils ne sont pas assez nombreux.
C’est ainsi que cette année, comme l’an passé, permanencière bénévole pendant une semaine au Puy, j’ai eu le plaisir d’accueillir bon nombre de pèlerins en partance ou aussi parfois au retour du chemin, ou quelques futurs pèlerins en recherche de renseignements.
Notre rôle, c’est d’abord d’écouter leur projet, leurs inquiétudes, leurs questions, puis de répondre aux interrogations, de conseiller, parfois de rassurer, surtout ceux qui partent pour la première fois, qui partent seuls, de déstresser et de renseigner. Très vite, regroupés autour d’un verre de sirop de verveine ou de kir qu’on leur sert, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls, qu’ils vivent là le début d’un chemin d’amitié où l’on échange, partage et se soutient. Cerise sur le gâteau : il est arrivé deux fois que des pèlerins soient venus le jour de leur anniversaire, ce qui nous a permis de lever le verre joyeusement à leur nouvelle année ! Excellente ambiance, excellent moyen de faire connaissance : la plupart repartent avec un sourire confiant et, pour ceux qui s’inquiétaient, soulagé.
Notre mission est aussi un peu administrative, car, pour les statistiques de l’association, nous enregistrons chaque pèlerin ou futur pèlerin en indiquant son origine (département ou pays) et son lieu d’arrivée espéré. C’est presque un merveilleux voyage virtuel pour nous, ou tout au moins une belle révision de géographie (ou de langue étrangère !), car il vient des pèlerins de partout, français du Nord au Sud du pays, mais aussi canadiens, américains, belges, néerlandais, allemands, suisses, anglais, néo-zélandais, australiens, polonais etc.
Souvent nous leur fournissons des crédenciales (il faut parfois préciser le fonctionnement) ou nous tamponnons celles qu’ils possèdent déjà avec le logo de l’association. Pour le tampon de la cathédrale, ce sera le lendemain matin après la Messe des pèlerins… où (selon notre volonté personnelle) nous leur dirons un « buen camino » d’encouragement et d’amitié en haut… ou en bas… du grand escalier de 135 marches de la cathédrale. Et ils s’en iront, après des remerciements, parfois avec une petite larme d’émotion, ultreïa !
Emotion pour nous aussi, bien sûr, mais ce ne sont pas les seuls « petits bonheurs » de ce séjour au Puy ! Comme sur le Chemin (en fait, nous sommes un peu sur le Chemin…), nous allons de rencontre en rencontre, de découverte en découverte.
Dès le matin de mon départ, en gare de Strasbourg, avant même que le train (retardé … pour la bonne cause ?) ne soit annoncé, une dame, voyant ma coquille, m’aborde et me questionne car elle est tentée par le Chemin. Je l’invite bien sûr à notre Stammtisch de Châtenois : viendra-t-elle ? peut-être…
A mon arrivée au Puy, je vais directement au Camino faire la connaissance des bénévoles du moment où un accueil très amical et joyeux m’est réservé.
Le soir, je fais la connaissance de l’équipe du Grand Séminaire où je suis momentanément hébergée : quatre jeunes sœurs vietnamiennes très aimables et très gaies, qui se préparent à servir avec entrain un très copieux repas à une bonne quarantaine de personnes, essentiellement des pèlerins, mais aussi des hospitaliers en transit vers Conques, des pèlerins de retour du chemin, des retraitants… Cette ambiance conviviale se poursuit lorsque nous nous retrouvons à quelques-uns à essuyer et ranger la vaisselle. Les plaisanteries vont bon train !
Je garde aussi un excellent souvenir des bénévoles du Camino qui collaborent, efficacement et avec le sourire, avec les Amis de St Jacques en aiguillant les pèlerins vers notre salle et en lavant nos verres ; excellent souvenir aussi du personnel du « self Horizons » (handicapés) de l’Hôtel du Département qui sont aux petits soins pour leurs clients, du guide (non officiel) qui nous a « bichonnées » lors de notre visite du cloître (enfin j’ai compris comment est construite cette merveilleuse cathédrale !). Et je n’oublierai pas ce prêtre plein d’humour qui invitait les pèlerins à partager partout leur expérience d’amitié, de tolérance, de respect et de partage faite sur le Chemin à leur retour : « allez dire ensuite à tout le monde, et même à nos dirigeants de partager une fois ce chemin de vie pour qu’enfin on puisse réaliser tous nos rêves d’unité, d’amour et de paix » disait-il en substance.
Enfin, bien sûr, j’ai eu la chance de trouver une coéquipière sympathique et pleine d’entrain, Nicole, avec qui « travailler » facilement en toute simplicité, car nous étions branchées sur la même longueur d’ondes, et toutes les deux avec le seul objectif de servir le pèlerin. En fin de période est arrivée Micheline qui devait nous succéder et nous avons eu le plaisir de former aussi un bon trio, toujours dans le même esprit, celui du Chemin.
Seul bémol de la semaine : la fermeture du Relais St Jacques à côté de notre hébergement nous a privées de la proximité de pèlerins et hospitaliers. Mais des pèlerins, nous en avons trouvé plein les rues, les places et la cathédrale, en dehors de nos horaires de 14h à 19h !
D’autres petits bonheurs encore ont émaillé mon séjour au Puy : découvertes et redécouvertes se sont succédé pendant les matinées de liberté : quel plaisir d’aller se perdre dans ces petites rues de la ville haute, entre ces anciennes nobles demeures ! Certes, on n’y parcourt pas beaucoup de kilomètres car qui dit moyenâgeux dit pavés (ici de tuf et de grès), dénivelés et escaliers peu propices à une marche rapide ! Et tant pis pour les genoux et les chevilles !
Mais monter au Rocher Corneille (auprès de la gigantesque statue de Notre-Dame de France) ou au Rocher Saint Michel permet d’avoir une vue époustouflante sur la ville du Puy et les sommets environnants. De plus la chapelle St Michel perchée sur son piton volcanique est une merveille d’art roman, au même titre que la cathédrale, et on retourne toujours la visiter, y rester un moment, avec le même plaisir.

J’ai découvert cette année un autre sanctuaire construit sur un piton volcanique, dont on parle peu, mais qui vaut le détour : le sanctuaire de St Joseph de Bon Espoir à Espaly (qui jouxte Le Puy). A lui seul le nom attire, on a tant besoin d’espérance actuellement ! J’y ai trouvé une grande basilique, lumineuse, accueillante, couronnée de créneaux car elle est construite à l’emplacement d’un ancien château. Sur le site, une grotte magnifique, creusée dans la pierre volcanique, qui semble-t-il est à l’origine du sanctuaire, une reconstitution de la maison de Joseph, sorte de musée qui évoque la vie de Joseph, le tout dominé par une colossale statue de Joseph avec l’enfant Jésus. De là haut, on peut contempler la ville et les rochers de la cathédrale, de la Vierge et de St Michel.
Et dans un autre domaine… il faut aussi citer les plaisirs gastronomiques : la truffade (plus tard les pèlerins mangeront l’aligot…), spécialité faite de pommes de terre, lardons, oignons et fromage du Cantal, bien sûr les lentilles du Puy, sans oublier la verveine utilisée de mille manières !
J’ai donc ressenti ce séjour comme un cadeau, une petite richesse de plus grâce au Chemin. Merci aux Amis de St Jacques du Velay de l’avoir permis, merci à tous les coéquipiers rencontrés et aux pèlerins, et ULTREIA !
Marylène