Photos - Sorties 2025 : 2025-09-28 Sortie de St-Gilles au Bernstein
2025-09-28 Sortie de St-Gilles au Bernstein(47 photos)
Quel bonheur, en ce matin du 28 septembre, de sortir du brouillard de la plaine pour découvrir un vaste panorama lumineux, parsemé de quelques élégantes touches de brume, à notre arrivée au parking de l’église St Gilles, merveilleuse vigie perchée sur le Kirchberg ! La pluie et la fraîcheur avaient été notre lot une grande partie de la semaine, et là, à nos pieds, les villages de St-Pierre-Bois et de Thanvillé semblaient revivre au soleil matinal, encadrés au loin par le Haut Koenigsbourg, le Frankenbourg et le Rocher du Coucou qui veillent sur les vallées de Ste Marie-aux-Mines et de Villé.

Nous étions treize vaillants pèlerins et un brave compagnon à quatre pattes à savourer ce moment, arrivés en quelques voitures (allez, le covoiturage progresse, mais on fera encore mieux la prochaine fois !).
Monsieur le Maire de St-Pierre-Bois, Alain Meyer, était prêt lui aussi et nous a présenté les lieux, entre histoire et légendes, avec beaucoup de verve et d’entrain, comme on peut faire quand on aime son village ! Et chacun de l’écouter avec attention, et souvent avec amusement, tout en appréciant les caresses du soleil du matin !

Saint-Pierre-Bois est une ancienne commune du Val de Villé, dont les origines datent sans doute du VIIème siècle, mais qui est citée pour la première fois en 1269 sous le nom de « Villa Sante Petersholtz ». En effet, à l’origine il s’agissait d’une forêt appartenant à l’abbaye de Moyenmoutier dédiée à Saint Pierre. Des quelques petits villages alentour il ne reste que Hohwarth, annexe de St-Pierre-Bois.
Petite commune d’environ 850 habitants, certes, mais dynamique car grâce à ses bénévoles, elle s’est illustrée depuis plus de vingt ans par ses spectacles estivaux son et lumière, le « Rêve d’une nuit d’été » jusqu’en 2009, puis plus récemment les « Nuits de St Gilles » qui évoquent l’histoire de la vallée.
La vie religieuse s’articule autour de l’église saint Gilles dont la construction date de 1788, tandis que celle du clocher et du chœur est de 1811. Cette église occupe l’emplacement d’une ancienne chapelle initialement dédiée à St Hydulphe jusqu’à ce qu’y soient déposées les reliques de Saint Gilles. De là est né dès le Moyen-Âge, sous l’influence des Cisterciens de Baumgarten (Reichsfeld), un pèlerinage à Saint Gilles qui perdure encore d’une certaine manière.
L’ancienne chapelle devenue trop petite pour accueillir le grand nombre de pèlerins, il fut envisagé d’élever un nouveau sanctuaire plus bas sur la colline pour éviter aux paroissiens de grimper sur la montagne ; il s’en suivit pas mal de discussions et querelles, et la légende raconte que les fondations creusées et les matériaux amenés quotidiennement étaient transportés nuit après nuit sur le site de l’ancienne chapelle, même le charpentier juché sur sa charpente se serait retrouvé en haut de la colline ! Certes, Saint Gilles en avait décidé autrement ! C’est ainsi que depuis 1788 le saint a son sanctuaire au sommet du Kirchberg où il est invoqué par paroissiens et pèlerins pour guérir les maladies de la gorge et des oreilles ! 

Il est représenté en peinture sur le retable derrière l’autel, en moine accompagné d’une biche, animal qui l’aurait nourri de son lait ou qu’il aurait apprivoisé, selon les légendes, et qu’il tente de protéger contre l’arme d’un roi Wisigoth : la main du saint suffit à sauver l’animal et la tradition dit que c’est à la suite de ce miracle que fut érigée l’abbaye de St Gilles du Gard où le saint est enterré, et attire aussi beaucoup de pèlerins !

Ses reliques sont désormais conservées à l’abri d’un coffre-fort à la mairie, enfermées dans un buste et une main qui s’ouvrent pour le pèlerin; on ne les sort qu’à la grande fête de la Saint Gilles le 1er septembre.
Nourris de toutes ces informations, nous descendons vers le village, mais quand nous passons devant la Mairie, Mr le Maire à sa fenêtre nous interpelle pour nous montrer ses locaux : la mairie est installée dans l’ancien presbytère et la « chapelle de secours » : cette chapelle – au niveau du village, et pas en-haut de la colline ! – permet aux villageois d’assister parfois plus facilement à la Messe, de se réunir, d’organiser des bourses aux livres, de servir les repas aux anciens… magnifique exemple de tolérance ! Oui, l’Eglise et l’Etat, ça peut se donner la main ! Et maintenant, nous saurons pour quoi la mairie de St-Pierre-Bois est dotée d’un petit clocher ! 

Nous terminons la traversée du village que nous quittons (provisoirement) puisque la dernière surprise du matin se trouve administrativement à Thanvillé, mais à côté des maisons de St-Pierre-Bois : l’église St Jacques -excentrée- de Thanvillé ! Un « ancien » du village qui se promenait sur ce petit bout de chemin part immédiatement dans de longues explications: il s’agit bien d’une église dédiée à St Jacques, située sur un Chemin de Compostelle, qui passait de l’abbaye de Moyenmoutier à celle de Baumgarten ! Elle est ouverte, et nous pouvons saluer la superbe statue de St Jacques qui trône ici depuis 2016 où fut célébré, avec les Amis de St Jacques d’Alsace, le tricentenaire de la paroisse St Jacques.

Après la culture, un peu de sport : il est temps d’entreprendre la montée en direction du Bernstein, d’abord sur un chemin « panoramique » d’où nous pouvons admirer, en nous retournant, St-Gilles sur sa colline, devant l’imposant Ungersberg, et sur notre droite, les premiers sommets du Piémont, le Haut Koenigsbourg et le Rocher du Coucou. Puis nous nous enfonçons dans une superbe forêt où se faufilent les rayons du soleil. Contre toute attente, malgré la pluie des derniers jours, le terrain n’est pas trop boueux et nous permet d’avancer à un bon rythme.
Petite pause méritée à la Waldkapelle décorée de multiples photos et statuettes offertes en ex voto et d’une magnifique croix en mosaïque. Après la photo souvenir, nous repartons en chantant l’Ultreïa pour nous donner du courage : nous abordons la montée la plus raide jusqu’au Käsmarkt qui nous accueillera pour le pique-nique.
Le Käsmarkt est un carrefour, doté d’une croix commémorative, où (réalité ou légende ?) les habitants du val de Villé venaient déposer des fromages pour aider ceux de Dambach-la-Ville frappés par la peste au XIVe siècle.
Après avoir repris des forces et partagé gâteaux, chocolat et café nous pourrons terminer la montée jusqu’au château du Bernstein (562m). Un grand bravo aux bénévoles (l’association des Amis du Bernstein) qui, depuis une dizaine d’années, ont redonné fière allure à ce château du XIème siècle. Ils ont effectué là un travail de qualité, tant pour la partie restauration que pour les panneaux explicatifs ! 

Malheureusement la vue sur la plaine et la cité de Dambach-la-ville est très voilée.
Encore une petite grimpette en forêt, et nous serons au point le plus haut de notre randonnée : le Rocher Bellevue (640m). Hélas, comme au Bernstein, la vue sur la vallée est très brumeuse. En redescendant par un petit sentier de crête nous reverrons parfois entre les arbres la vallée de Thanvillé et St-Gilles sur sa colline nous paraîtra étrangement bas malgré son altitude de 380m ! La descente se poursuivra ensuite en forêt, c’est là que nous croiserons un autre groupe de randonneurs qui fait presque le même itinéraire que nous mais dans le sens inverse (Dambach-Bernstein-Saint-Gilles). Après quelques échanges de joyeuses plaisanteries, chaque groupe repartira en direction de son point de départ. Un peu plus de temps nous aurait permis de « semer la graine de Compostelle », car certains projettent de partir… un jour !
Une fois arrivés au bas de St-Pierre-Bois (230m), il ne nous reste plus que le chemin de croix vers St-Gilles à gravir pour rejoindre notre parking. Le sentier nous y mènera à travers prés et pâturages, qui ont remplacé les vignes d’antan. C’est la dernière « épreuve » au soleil, mais nous aurons encore une fois le plaisir d’admirer le panorama avant de regagner nos pénates, les mollets et les genoux sans doute un peu fatigués, mais la tête pleine de nouveaux souvenirs ensoleillés ! Ultreïa !


Marylène Gagnepain